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28. (1665) Réponse aux observations touchant Le Festin de Pierre de M. de Molière « Chapitre » pp. 3-32

On a beau lui dire que, puisqu’il ne doit pas répondre à la candeur publique, il devrait laisser à nos évêques et à nos prélats le soin de sanctifier nos mœurs, il soutient que c’est le devoir d’un chrétien de corriger tous ceux qui manquent, et sans considérer qu’il n’est pas plus blâmable de souffrir les impiétés qu’on pourrait empêcher que d’ambitionner à passer pour le réformateur de la vie humaine, il vient de composer un livre où il se déclare le plus ferme appui et le meilleur soutien de la vertu. […] Il me semble que vous pouviez souffrir de semblables défauts sans appréhender que votre conscience en fût chargée ; ou bien Dieu vous a fait des commandements qui ne sont pas comme les nôtres. […] On aurait inféré de là que vous aviez l’âme si tendre que vous n’aviez pu souffrir sans compassion que son maître, qu’on traînait je ne sais où, fût chargé, outre tant d’abominations, d’une dette qui pouvait elle seule le priver de la présence béatifique, jusqu’à ce que ses héritiers l’en eussent délivré. […] Je me souviens pourtant encore d’un nouveau sujet que ce valet vous donne de vous plaindre de lui : n’est-il pas vrai que vous souffrez furieusement de le voir à table tête à tête avec son maître, manger si brutalement à la vue de tant de beau monde ?

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