Pour jouer le Christianisme d’une maniere cruelle, les Molieres Payens n’auroient eu qu’à jouer des comédies composées de Chrétiens, où on auroit évité avec soin de parler de religion chrétienne ; d’autres où des Chrétiens auroient représenté les aventures des Dieux, les auroient chantés, loués, honorés, comme les Payens ; d’autres enfin où ils auroient passé de l’Église au théatre, des sacremens, du sermon, de la communion, de la célébration du mariage, à Amphitrion, à Omphale, à Cybelle, à Vénus, & auroient fait faire par quelque Panard un vaudeville dont le refrein auroit été, voilà le Chrétien, voilà le Magistrat, le Militaire, soi-disant catholique. […] On s’élève partout avec aigreur contre le soin que peuvent prendre les maris pour empêcher le crime : leurs craintes sont une foiblesse, leur désirs un ridicule, leur obligation une chimère, leur délicatesse une jalousie, leurs précautions des duretés & des insultes ; on plaisante continuellement sur les outrages qu’on leur fait, & sur ceux qu’ils s’attirent, & que leurs plaintes, leurs mesures, leur vigilance, ne font que hâter, en les rendant plus piquans & plus agréables. […] Quand nous redoublerions nos soins, rien ne pourroit plus les retenir, & les empêcher de mettre en pratique des leçons plus agréables à suivre qu’à voir représenter. […] nul respect pour l’État, nulle estime des personnes, nul devoir à remplir, nulle bénédiction du ciel à espérer, nul soin de la demander par la prière, nul zèle pour l’éducation des enfans, nulle piété, nulle intelligence. […] Fut-il jamais question dans ses sages leçons de la nourriture & de l’éducation des enfans, du soin de son ménage, des mœurs de ses domestiques, du respect pour son beaupère & sa bellemère, de l’amitié pour ses parens & ses alliés, de la soumission pour son mari, d’une vie unie, réguliere, retirée & chrétienne ?