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282. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

Né de parents beaucoup plus distingués par leur probité, que par leur fortune, j’ai reçu par leurs soins plus d’éducation, que leur médiocrité n’aurait dû les porter à m’en accorder ; leur tendresse généreuse et paternelle s’est privée du nécessaire pour me mettre en état de prendre un parti, qui me rendit plus heureux qu’ils ne l’ont jamais été. […] Je sais bien que dans quelques unes de nos pièces, on ne représente l’amour que du côté ridicule, mais on doit observer en même temps avec quelle adresse nos Auteurs ont soin de faire prévoir tous les inconvénients qui résulteront d’une union indiscrète, si l’amour naît dans l’âme de deux étourdis qui ne s’unissent que parce qu’ils sont épris de leur impertinence réciproque, on a grand soin de leur prédire une désunion prochaine, la froideur, le mépris mutuel, la coquetterie, les tracasseries, les infidélités qui de part et d’autre les autoriseront à se détester réciproquement.

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