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51. (1702) Lettre de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour. Lettre de Lettres curieuses de littérature et de morale « LETTRE. de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. » pp. 312-410

Si toutes les femmes étaient d’aussi bonne foi que vous, Madame, elles avoueraient avec la même ingénuité, qu’elles ne savent ce que signifient proprement les termes de Tragédie et de Comédie : Ce sont les deux espèces qui divisent le Poème dramatique : Peut-être que ce mot est encore un mystère pour bien des femmes ; cette espèce de Poème est nommée de la sorte, parce qu’il représente quelque action, et il est différent des autres qui se passent en simples récits. […] Lorsque les obstacles cessent, que les doutes s’éclaircissent, et qu’enfin la destinée des principaux personnages s’est développée, c’est alors que commence le dénouement, qui doit toujours naître du fond de la Fable, et qui ne peut être préparé avec trop d’artifice, ni être trop court ni trop simple. […] C’est en quoi le Poète fait paraître son génie, lorsqu’il produit dans les esprits, les mêmes effets par de simples récits, que par des spectacles réels. […] Il y a des sujets simples, c’est-à-dire, dont le Héros est toujours heureux ou malheureux depuis le commencement jusqu’à la fin de la pièce. […] S’il y a eu des temps, où les Docteurs, et même les Saints ont toléré, ou approuvé la Comédie, c’est qu’elle était alors si simple, si informe et si grossière, qu’il fallait plutôt craindre de s’ennuyer, que d’y trouver trop de plaisir.

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