Passons quatorze siècles & venons tout-d’un-coup au grand Corneille. Ce génie sublime, qu’on eût appellé tel dans les plus beaux jours d’Athènes & de Rome, franchit presque tout-à-coup les nuances immenses qu’il y avait entre les essais informes de son siècle, & les productions les plus accomplies de l’art. […] Corneille avait cependant connu ce genre, & sembla ne vouloir pas y donner son attache : mais Racine, né avec la délicatesse des passions, un goût exquis, nourri de la lecture des beaux modèles de la Grèce, accommoda la Tragédie, aux mœurs de son siècle & de son Pays. […] Mais nos Poètes ont poussé trop loin la complaisance pour le goût de leur siècle ; ou, pour mieux dire, ils ont eux-mêmes fomenté ce goût avec trop de lâcheté.