Mes études achevées, il s’agissait d’appliquer à un objet l’éducation qu’ils m’avaient donnée, mais dans ce siècle où le savoir le plus sublime ne conduit à rien sans la fortune, mon Père eut bientôt lieu de désespérer que les faveurs de cette Déesse fussent destinées à un jeune homme qui ne savait qu’un peu de grec et de latin ; qui n’avait pas assez de crédit pour solliciter avec succès un bénéfice, qui n’avait pas assez de loisir et de biens à sacrifier à l’espoir de la célébrité dans le Palais de Thémis ou dans les laboratoires d’Hippocrate ; l’emploi parut donc à mon Pere l’unique ressource à laquelle je pusse m’attacher ; je sentais trop vivement ma situation et la sienne, pour ne pas convenir de la sagesse de ses intentions. […] Je sais bien, comme le dit l’Auteur du Tableau du siècle, que cette loi ne subsiste que par Politique et qu’elle n’est destinée qu’à réprimer le goût que la Noblesse la plus distinguée pourrait prendre pour les Comédiennes, ce qui occasionnerait des mésalliances très fréquentes absolument opposées aux vues de la Politique sur la solidité des fortunes et la splendeur de la Noblesse. […] [NDE] Le Tableau du siècle écrit en 1759 par Paul-Antoine-Nicolas Nolivos de Saint-Cyr (1726 - 1803).