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69. (1686) La Comédie défendue aux chrétiens pour diverses raisons [Traité des jeux et des divertissemens] « Chapitre XXV » pp. 299-346

On y chante des airs qui ne tendent pour l’ordinaire qu’à allumer un feu qui ne brûle déja que trop, & que la foi nous oblige d’éteindre ; les jeunes gens de l’un & de l’autre sexe s’y assemblent & s’y placent confusément ; les filles & les femmes y vont pour voir & pour estre vûës ; les Chantres n’y sont pas des mieux réglez dans leurs mœurs, ni les Chanteuses des plus modestes dans leurs habits ; on y passe un temps considerable qu’on pourroit emploïer plus utilement ; enfin on n’y cherche que le plaisir pour le plaisir & que le divertissement pour le divertissement. […] La nature a revêtu chaque sexe d’habillemens qui leur sont propres. » Ce déguisement a paru aussi tellement étrange à Saint Augustin, qu’il a crû que ceux qui le faisoient étoient infames, & incapables de faire des Testamens & de servir de temoins en justice. […] C’est pourquoi condamnant toute sorte de feinte, il n’approuvera point qu’on déguise sa voix, son sexe, son âge, ni qu’on represente des amours, qu’on exprime des passions, qu’on feigne des gemissemens. » C’est aussi ce que Saint Jean Chrysostome condamne par ces motsa : « Que dirai-je du bruit & du tumulte de ces spectacles ? […] Ils déguisent souvent leur visage & leur sexe, à la façon des voleurs, des personnes débauchées & des malfaicteurs. […] « L’art, qui régle les gestes dit Tertullienc , & les differentes postures du corps est consacré à la mollesse de Venus & de Bacchus, qui sont deux demons également dissolus, l’un en ce qui regarde le sexe, & l’autre en ce qui concerne le luxe & la débauche. » Saint Basile parlant du theâtre où se faisoient autrefois les spectaclesd, dont la danse faisoit une des principales parties, l’appelle une école publique de toute sorte d’impureté : Communis & publica est discenda omnis incontinentia officina .

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