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32. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE I. De l’Amour. » pp. 4-29

Si les Dames ne veulent pas s’en rapporter à la morale & à l’exemple d’une Muse qui fait honneur à leur sexe, du moins ne récuseront-elles pas à titre de sévérité leur bon ami le tendre Ovide. […] Des danses de toute espèce, vives, graves, enjouées, folles, grotesques, par une infinité de figures diversifiées, symétrisées, & artistement entrelassées, les mettront dans toutes les attitudes & tous les jours aux yeux des deux sexes entremêlés & enthousiasmés : Possedi servos & ancillas, delitias filiorum hominum. […] Les deux sexes y paroissent toujours ensemble ; leur mélange, leurs allures, leurs discours, leurs gestes, quels tableaux ! […] Grigri, petit Roman de Cahusac., où parmi bien des indécences, on trouve de jolis portraits, des traits ingénieux, & des vérités, parlant de l’amour de théatre, prouve dans un chapitre exprès, qu’au spectacle il n’y a ni ne peut jamais y avoir un véritable amour, mais galanterie & débauche. 1.° On n’y cherche qu’à plaire, ce qui émousse le sentiment. 2.° On n’y étale que de la volupté, ce qui la partage, & l’effet de la volupté est plus rapide. 3.° On y offre le plaisir trop rapide, ce qui l’anéantit ; la pente naturelle y mène, & la passion satisfaite, le sentiment est éteint. 4.° On en éloigne le sentiment, en montrant le sexe méprisable par mille défauts & ridicules, on l’estime moins, comment aimeroit-on ? […] Toute la jeunesse des deux sexes qui vole au spectacle, en est la plus curieuse, la plus touchée.

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