Ce n’est pas ici le lieu de détailler ces grands objets ; je vous donnerai seulement le précis de quelques règles par lesquelles il est infaillible que les mœurs se rétabliraient sur la scène et que les Comédiens et les Comédiennes s’habitueraient à pratiquer les vertus qu’ils sont chargés d’embellir aux yeux des Spectateurs. […] On ôtera aux hommes la pension de cent pistoles qui leur est destinée pour la donner aux femmes qui seront parvenues à la vétérance, en sorte qu’elles auront deux mille livres de rente dans leur retraite au lieu de mille seulement ; et les hommes, en dédommagement, auraient une Direction de Comédie dans les principales Villes du Royaume, laquelle leur vaudrait trois mille livres et serait prélevée sur les produits du spectacle. […] Devant, comme après, on se conduisit sagement : on n’attaqua point les spectacles, parce qu’on était convaincu qu’ils étaient bons en eux-mêmes ; on attaqua seulement l’abus qu’on faisait d’une bonne chose. […] Qu’on se garde bien, en même temps, de leur donner une trop haute opinion d’eux-mêmes ; qu’on les considère, qu’on les estime, qu’on les accueille ; mais sans les caresser excessivement : qu’on les traite seulement comme on traite les honnêtes gens, avec distinction mais sans enthousiasme : alors on ne verra pas des mœurs moins pures sur le Théâtre que dans tous les autres états de la Société, surtout si l’on soutient avec vigueur les règles que je viens d’indiquer. […] L’objet de l’excommunication n’était pas sans doute de proscrire les spectacles décents et raisonnables, mais seulement ceux qui n’offraient aux yeux qu’un mélange des choses saintes avec les plus scandaleuses, et des profanations aussi choquantes pour la raison que contraires à la pureté des mœurs.