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65. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Quatorzième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 260-274

N on, mon adorable Adelaïde, ne venez pas seule ; ce mariage, les embarras qui l’accompagnent, les affaires de monsieur Des Tianges, rendent votre présence nécessaire à ce cher époux. […] — Je dois m’y trouver : mais allez-y seul : je serais charmée de vous y voir : une affaire indispensable m’oblige à sortir, & je ne pourrai revenir vous prendre —. […] L’instant arrive : la toile se lève : il faut paraître : je m’avance sur la Scène : un profond silence règne jusque dans le Parterre : mes regards concentrés n’osent quitter le tapis : je chancelais ; ma seule timidité sans doute me fit des Partisans : enfin j’ose lever la vue… Ma sœur,… vis-à-vis de moi… dans l’Orquestre, enseveli dans ses pensées… mon époux… je le découvre cet Amant vers lequel toute mon âme cherchait à voler… Un mouvement involontaire m’échappe, & je lève vers le ciel des regards supplians. […] … Mais, vous le savez, j’y suis inconnue ; toujours retirée, ne voyant que vous seule & ma famille… Ainsi, lorsque j’aurai rempli mon but, nous pourrons ensevelir tout ceci sous un silence éternel. […] Je veux plaire à mon époux ; je veux le subjuguer, le rendre heureux par moi seule : qui me dira que j’ai trop osé ?

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