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122. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

Caihava, art. de la comédie, Ch. denier, attribue la décadence du théatre au privilége exclusif accordé à une seule troupe de comédiens. […] Ce seul trait suffiroit pour faire apprécier le tréros, ses piéces, l’éloge & ses panégyristes, & rendre justice aux uns & aux autres. […] Arnaud veuille que le sombre, le terrible, l’horrible, le diabolique soient des sujets tragiques, à la bonne heure ; mais que ce soient les seuls, on en rira : aura-t-on grand tort ? […] Il a raison, ce n’est qu’un dégré d’intentité de plus ou de moins, comme dans tous les autres sentimens, & toutes les sensations ; le degré de chaleur, le degré d’amertume, le degré de tristesse, de joie, d’estime, de mépris, &c. : il n’est pas vrai qu’aucun de ces degrés ait le privilége exclusif d’être le seul froid ou chaud, amer ou doux, gai ou triste ; & qui parvenu à un degré excessif d’intentité, quoique alors dans sa perfection, il soit le froid, le chaud, l’amer, le triste, par excellence : il n’en est que plus desagréable par sa perfection. […] Tel étoit le faux mérite des piéces d’Eschile, que des furies seules peuvent vanter.

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