L’hymen est grave, sérieux, saint, austere ; il écarte la dissipation, l’inconstance, la frivolité, par la perpétuité d’un lien qu’on ne peut ni relâcher ni rompre ; il bannit toute idée de conquête, de triomphe de la beauté, de cour d’adorateurs, par l’unité de l’objet à qui seul il est permis de plaire ; il affadit le goût de la parure, du faste, de la mode, du fard, en concentrant les graces dans les yeux d’un homme qui n’en désire pas, & n’en approuve pas l’étalage suspect. […] Sans doute l’inégalité des conditions ne doit pas seule décider des mariages ; mais il en est de si honteuse, de si mal assortie, dictée par le libertinage, qu’on a droit de faire des efforts pour empêcher le déshonneur de sa famille, & il n’est pas de la sagesse du Législateur de lui lier absolument les mains. […] Un objet bien essentiel, c’est le droit que le Prince s’arroge d’accorder seul la dispense des empêchemens du mariage, même à l’exclusion du Consistoire & des Ministres. […] Le Roi de Prusse se réserve tout, & prétend lui seul donner toutes les dispenses matrimoniales dans ses Etats. […] Les Protestans ont toujours fait aux Catholiques un crime de ce qu’on faisoit payer les dispenses à Rome dans les cas les plus importans qui lui sont réservés, & dans chaque Diocese pour les menues dépenses qu’accordent les Evêques ; ils en ont fait le tarif à leur maniere, ils l’appellent la Boutique du Pape, & voici un Prince Protestant, grand Philosophe, un Salomon, qui fait du paiement des dispenses une loi genérale, en fixe le tarif, & se les attribue toutes à lui seul : Qui dicis non furandum furaris .