Il est vrai que votre passion vous aveuglait beaucoup ; car, puisque ce grand prince, si chrétien et si religieux, ne s’éclaire que par lui-même, vous deviez considérer que les matières les plus embrouillées étaient fort intelligibles pour lui, et que par conséquent vos accusations ne serviraient que pour convaincre d’une malice d’autant plus noire que le voile que vous lui donniez était trompeur et criminel. […] En cela je suis pour vous ; je ne me mets jamais si fort dans les intérêts de mes amis que je ne me laisse plutôt guider par la justice que par la passion de les servir. […] Il a cru vous devoir la même charité ; mais si par hasard il arrive que ceux qui liront ce qu’il a fait contre vous connaissent qu’il s’est mépris, et qu’ils ne vous viennent point vous faire de leçons, ne laissez pas de lui savoir bon gré de son zèle ; et puisqu’il vous en coûte si peu, servez-lui sans murmurer de moyen pour gagner le paradis, ce sera là où nous ferons tous notre paix.