Ceux qui sont les plus passionnez pour les Comedies, n’en ignorent pas toujours le vuide & le faux : mais par la corruption de leur cœur, ils ne laissent pas d’aimer ce qu’ils sentent n’être pas aimable. […] D’autres, sans être touchez, representent un Comedien, ou une Comedienne, & affectent de faire paroître leur esprit à exprimer ce qu’ils ne sentent point : par là ils s’engagent insensiblement dans des passions qu’ils ne vouloient que contrefaire. […] Bien loin de détester cette impression, on met son plaisir à la sentir, & son honneur à suivre les mouvemens qu’elle inspire : & pourquoi s’y abandonne-t-on ? […] Ne sent-on point d’éloignement pour le portrait des déreglemens qu’on nous y represente ? […] La pauvreté, la patience, l’humilité n’ont rien dont la représentation puisse divertir ceux qui aiment les Comedies : aussi n’en parle-t-on jamais dans ces spectacles prophanes : il y faut quelque chose de plus vif, qui se sente d’une fausse grandeur, d’un amour aveugle, ou de quelque pareil sujet ; & c’est ce qui ne s’accorde point avec la sagesse chrétienne.