Je n’ai rapporté tous ces traits que pour faire sentir l’étroite liaison entre le masque, le théatre & le vice, dans les personnes même dont l’esprit, l’état, l’honneur, l’intérêt, devroient élever les plus fortes barrieres, & qui ne peuvent en arrêter le cours. […] Mais la passion reproduite sous tant de formes ne fait-elle pas sentir aux moins clair-voyans combien le vice s’accommode du masque ? […] Dans le fonds on sent aisément que la délicatesse, la sensibilité, la tendresse d’un sexe, la force, le courage, l’élévation de l’autre, sont plus analogues à certains personnages, & doivent mieux réussir, & qu’ainsi transportés d’un sexe à l’autre ils en sont mieux exécutés. […] On ne peut mieux faire sentir le degré de déguisement qui fait la perfection de l’art du théatre, que par l’exemple du célèbre Garrik, Acteur Anglois, homme unique dans son art. […] Comment dans une si grande distance sentir cette délicatesse d’inflexion de voix, ce souris, ce coup d’œil, cette finesse de traits, qui peignent sur le champ toutes les nuances des sentimens qu’éprouve l’Acteur ?