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66. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VI. Des Ariettes, & des autres parties du Chant théâtral à une seule voix. » pp. 297-328

Le Musicien Français s’épuise dans l’Ariette à faire briller ses talens & la voix d’un Chanteur ; au-lieu qu’en composant un air, il ne s’applique qu’à peindre un sentiment. […] Il faut qu’elle paraisse plutôt être faite pour èxprimer avec élégance un sentiment, ou quelque passion des Personnages du Drame, que pour faire briller les talens du Musicien. […] Il faut dans une Ariette mettre du sentiment plutôt que de l’esprit. […] Que les Vers en soient tous de la même mesure, sur-tout lorsqu’elle èxprime la tendresse, ou un sentiment de douceur ; le Compositeur n’est point alors contraint de changer souvent le mode convenu ; il conserve mieux l’air primitif. […] J’ajouterai encore au sujet de la reprise, qu’il faut que le Vers qui amène cette reprise se rapporte au sentiment qu’elle èxprime, afin qu’elle soit amenée sans violence, & qu’on voye que c’est un retour que fait l’âme du personnage, par une suite de ses passions, sur ce qui l’affectait, ou l’agitait, l’instant d’auparavant : il ne faut pas que le Musicien ait seul la gloire de tout èxprimer.

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