« Et qu’on ne s’imagine pas que, de ce que l’on ne va pas au spectacle pour former ses sentiments, mais bien pour se divertir, il s’ensuive que les maximes coupables dont les pièces de théâtre abondent ne peuvent être funestes ; ces maximes ne manquent pas de faire impression, bien que nous ne nous en apercevions pas. […] Un homme ne doit pas penser qu’il n’a aucune part dans un acte de charité publique, parce qu’il n’est que l’un des dix mille individus qui y ont contribué : s’il a obéi à un sentiment de charité religieuse, et s’il en est résulté d’heureux et vastes effets, sa conscience lui dit qu’il participe à tout le bien auquel il a contribué. […] D’abord, on ne peut se refuser à reconnaître que les ouvrages dramatiques ne renferment un grand nombre de sentiments profanes, impurs et irréligieux, sentiments d’autant plus dangereux qu’ils sont revêtus des noms les plus doux et embellis par une action intéressante et le développement des caractères les plus attachants. […] En outre, ces représentations, qui nous passionnent et fascinent nos yeux et notre entendement, ont pour résultat ordinaire de faire perdre à notre cœur sa pureté primitive, en ébranlant nos meilleurs sentiments et en affaiblissant peu à peu notre éloignement pour les choses que la morale réprouve. […] Les personnes qui fréquentent les spectacles ne vont pas y chercher, et n’y trouvent pas en effet, des impressions graves et sérieuses ; tout au contraire, leurs âmes s’y énervent et n’y puisent que des sentiments frivoles ou romanesques.