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28. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

C’est la premiere foiblesse d’un jeune homme bien élevé, qui n’ose secouer le joug qu’il commence à trouver trop pesant : cette piece sagement écrite, est bien différente de la Vestale Ericie, trop exercée aux sentimens les plus passionnés pour en être étonnée & qui plutôt brave la religion & la pureté par les sentimens qu’elle ose montrer. […] sur la Tragédie ; de voir, de juger, de sentir, de jouir ; l’un satisfait la curiosité, le désir d’apprendre : l’autre la vanité de prononcer souverainement : le troisieme, l’épreuve des sentimens agréables de toute espece : le quatrieme, la volupté par des regards, des pensées, des goûts. […] Il a dans le fonds de bons sentimens. […] Plein de Réligion & de sentimens nobles ; il est sans doute incapable de cette petitesse ; mais il est vrai que l’éloge mérité de son Adversaire eût fait plus d’honneur à M. le Franc, que son silence. […] Outre le scandale inconcevable que donnent les Chrétiens, moins scrupuleux que des Payens, sur le théâtre, peut-on avoir quelque élévation dans les sentimens, sans être choqué de voir la tragédie dégradée par une vaine tendresse, dont tout l’art est d’arrêter à chaque pas l’impression de la terreur & de la pitié, qui sont le vrai goût de ce genre.

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