Theophile Patriarche d’Alexandriea, parce que les Spectacles sont contraires à la discipline des Chrêtiens ; Minutius Felixb, parce qu’ils sont mauvais ; Tatienc, parce que les Comédies sont pleines de choses frivoles & inutiles ; Tertuliend, par le jugement que les hommes font de ceux qui les representent & qui passent dans leur esprit pour des gens infames ; par le jugement que Dieu même en porte, n’y aïant rien dans les Spectacles qu’il ne condamne ; parce que les Spectacles sont du nombre des pompes du diable, ausquelles nous avons renoncé dans nôtre Baptême ; parce que les Païens mêmes jugeoient qu’un homme estoit devenu Chrêtien à cause qu’il s’en abstenoit, reconnoissant que l’instinct de la pieté Chrêtienne éloignoit du theâtre ceux qui en faisoient profession ; parce qu’il est impossible d’y conserver les sentimens de pieté qu’un Chrêtien doit toûjours avoir dans le cœur ; parce que tous les objets qui s’y presentent à lui, ne sont propres qu’à le détourner de Dieu & à l’attacher à la creature ; parce qu’il est ridicule de pretendre en pouvoir faire un bon usage & les rapporter à Dieu ; parce que supposé qu’il y en eût d’honnêtes, les Chrêtiens ne doivent toûjours les regarder que comme un miel envenimé, dont ils ne peuvent goûter sans danger de se donner la mort ; enfin, parce que l’état d’un Chrêtien en cette vie est de fuïr toutes sortes de plaisirs, & de faire consister toute sa joïe dans les larmes de la penitence, dans le pardon de ses pechez dans la connoissance de la verité & dans le mépris même des plaisirs les plus innocens & les plus legitimes. […] « La Scene & le Theâtre des Farceurs & des Comédiens aïant esté condamnez dés il y a long-temps par les sentimens des Saints Peres, par les Decrets des Conciles, & par les Statuts de nos predecesseurs ; & les Chrêtiens ne pouvant y assister sans exposer leur salut à un tres-grand danger, dans le desir que nous avons de détourner nôtre Clergé d’un si pernicieux scandale, Nous défendons sous de tres-grandes peines à tous les Ecclesiastiques, qui sont obligez ou à cause de leurs Ordres, ou à cause de leurs Benefices, de porter la soutane, d’assister aux Comédies, ni aux autres spectacles. » IX. […] Mais afin qu’on ne s’imagine pas que les sentimens des saints Peres soient outrez & trop severes, je veux bien rapporter ici le témoignage de deux grands hommes ; dont l’un a vêcu assez long-temps dans le beau monde, & l’autre a esté marié & a passé plusieurs années à la Cour, & qui par consequent méritent bien qu’on le croïe fut ce sujet.