Rousseau,1 vous tâchez non seulement de justifier l’imputation que vous avez faite aux Théologiens de Genève, en les accusant de ne plus croire ni à la Divinité de Jésus-Christ, ni à l’éternité des peines de l’Enfer ; mais vous rendez ensuite la proposition générale, en disant que ces sentimens sont une suite nécessaire des principes de la Religion Protestante : que, si les Ministres ne jugent pas à propos de les adopter ou de les avouer aujourd’hui, la Logique que vous leur connoissez doit naturellement les y conduire, ou les laisser à moitié chemin. […] Mais, si vous vous plaignez des 3 reproches d’impiété dont souvent on charge les Philosophes mal à propos, en leur attribuant des sentimens qu’ils n’ont pas, en donnant à leurs paroles des interprétations forcées, en tirant de leurs principes des conséquences odieuses qu’ils désavouent ; Mrs les Ministres de Genève, & plus encore les Protestans en général, ne sont-ils pas en droit de vous adresser les mêmes plaintes ? […] Pourquoi donc jugez-vous ces mêmes Pasteurs,5 en leur attribuant des sentimens qu’ils protestent ne pas avoir, en donnant à leurs paroles des interprétations forcées, en tirant de leurs principes des conséquences odieuses & fausses qu’ils désavouent ? […] Athanase, nos sentimens sur la Trinité en général, & sur la Divinité de Jésus-Christ en particulier, doivent être à l’abri de tout reproche. […] Si, mal informé de nos sentimens, vous nous avez fait tort dans l’esprit d’un public souvent mal instruit ; tâchez, je vous en conjure, de le réparer en nous rendant plus de justice.