Le desir de plaire est ce qui conduit le premier ; & le second est conduit par le plaisir d’y voir peintes des passions semblables aux siennes ; car notre amour-propre est si délicat, que nous aimons à voir les portraits de nos passions, aussi-bien que de nos personnes : il est même si incompréhensible, qu’il fait par un étrange renversement, que ces portraits deviennent souvent des modeles, & que la Comédie, en peignant les passions d’autrui, émeut notre ame de telle maniere, qu’elle fait naître les nôtres, qu’elle les nourrit, qu’elle les échauffe, qu’elle leur inspire de la délicatesse, & qu’elle les rallume même lorsqu’elles sont éteintes…. […] Il propose des moyens de réformer à cet égard notre Théatre ; mais en même temps il convient de l’impossibilité d’y réussir, relativement au mauvais goût de notre Nation, « qu’on ne peut, dit-il, amuser qu’en n’introduisant sur le Théatre que des personnages plutôt semblables à des marionnettes qu’à des hommes ».