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303. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « P.A. LAVAL A M.J.J. ROUSSEAU, CITOYEN DE GENÈVE. » pp. 3-189

Voilà comment le Spectacle peut produire en nous des sentimens qui quoiqu’innés dans l’homme se trouvent quelquefois presqu’éteints dans son cœur par les passions. […] Les Lecteurs sont séduits, et; entraînés dans le piége qu’on leur a tendu, parcequ’il ne se trouve personne qui les garantisse du précipice ou qui les aide à en sortir. […] Que diriez-vous d’un homme qui pour dissuader quelqu’un d’acheter un verger délicieux lui feroit gouter le fruit d’un sauvageon qui se trouveroit par hazard au milieu d’une prodigieuse quantité des plus excellents fruitiers ? […] Petit à petit tous ceux qui se trouveront dans une passe un peu opulente s’accoûtumeront à venir jouir de la vie chez leurs voisins, pendant cinq ou six mois de l’année. […] Qu’un Comédien ordinaire du Roi aille à Versailles avec un habit galonné, il sera vêtu comme il doit l’être, parce que tout est or et; azur dans ce pays-là ; à Genève il ne porteroit que du drap, et; se trouveroit tout aussi bien habillé, parce qu’il auroit l’uniforme de ceux avec qui il seroit obligé de vivre.

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