Je commence par ce qu’il y a de plus important, & de plus difficile à décider sur cette maniere, savoir, si c’est un peché grief de se trouver au Bal, d’assister à la comedie, & aux autres spectacles publics, & enfin de se trouver dans ces Assemblées du beau monde, pour contribuer au divertissement les uns des autres. […] C’est pourquoy l’on insiste ordinairement à demander, s’il y a peché mortel d’assister au Bal & à la Comedie, qui sont maintenant les deux sortes de spectacles qui sont le plus en usage, & où l’on fait le moins de scrupule de se trouver. […] Il en faut donc juger par l’Issuë, par l’experience, par l’intention, & souvent par rapport à la conscience de ceux qui se trouvent dans ces Assemblées, ou dans ces divertissemens. […] Ensuite le mal que ceux qui y assistent, causent aux autres, en authorisant ces divertissemens dangereux par leur exemple, ce qui fait un peché de scandale, & qui les rend coupables de la perte des autres, & de tous les pechez qu’ils y commettent ; & enfin les circonstances particulieres qui se trouvent en de certaines personnes, qui ne peuvent employer leur tems & leur argent à ces sortes de divertissemens, sans un notable prejudice de leurs affaires, ou de leurs devoirs plus importans. […] Si l’oisivité est condamnée dans l’Evangile, & si ce fut un suffisant motif, pour obliger le Fils de Dieu à faire le procés à un serviteur inutile ; que doit-on penser de tant de personnes de l’un & de l’autre sexe, qui passent les nuits dans une sale de bal, & la plus grande partie du jour dans les assemblées du beau monde, qui se trouvent à toutes les comedies, à tous les jeux publics, & à tous les spectacles, & qui ne seroient pas contens d’eux-mêmes, s’ils n’avoient part à toutes ces sortes de divertissemens ?