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238. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « JEAN-JACQUES ROUSSEAU. CITOYEN DE GENÈVE, A Monsieur D’ALEMBERT. » pp. 1-264

Voyez comment, pour multiplier ses plaisanteries, cet homme trouble tout l’ordre de la Société ; avec quel scandale il renverse tous les rapports les plus sacrés sur lesquels elle est fondée ; comment il tourne en dérision les respectables droits des pères sur leurs enfants, des maris sur leurs femmes, des maîtres sur leurs serviteurs ! […] On peut comprendre aussi par la Lysistrata d’Aristophane, combien l’impudence des Athéniennes était choquante aux yeux des Grecs ; et dans Rome déjà corrompue, avec quel scandale ne vit-on point encore les Dames Romaines se présenter au Tribunal des Triumvirs ? […] Combien de scandales publics ne retient pas la crainte de ces sévères observatrices ? […] Le pouvoir immédiat des sens est faible et borné : c’est par l’entremise de l’imagination qu’ils font leurs plus grands ravages ; c’est elle qui prend soin d’irriter les désirs, en prêtant à leurs objets encore plus d’attraits que ne leur en donna la Nature ; c’est elle qui découvre à l’œil avec scandale ce qu’il ne voit pas seulement comme nu, mais comme devant être habillé.

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