Il est certain que la République d'Athènes n'a jamais rien prononcé contre ceux qui représentaient sur la Scène les Comédies et les Tragédies, ni contre ceux-là même qui dansaient les Mimes les plus ridicules, qui jouaient les farces les moins honnêtes, et qui faisaient les bouffonneries les plus insolentes, qu'elle a toujours considérés comme les suppôts de Bacchus dévoués à son service, employés à la pompe de ses cérémonies, et qualifiés Technites, c'est-à-dire, Artisans, Ouvriers et Ministres de ce faux Dieu ; elle ne rendit jamais les uns ni les autres incapables d'aucunes charges de l'Etat, et ne voulut point les priver des droits les plus honorables de leur Bourgeoisie. […] Le premier et le plus considérable est l'Edit du Préteur qui contenait le droit commun du peuple Romain, et qui déclare infâmes ceux qui paraissaient sur la Scène, pour exercer l'art de bouffonnerie, ou pour y faire des récits. […] quoi le Jurisconsulte Labeo dit, qu'il faut entendre par la scène celle que l'on élève pour faire les Jeux à la vue du peuple, et où l'on fait un spectacle de son corps par des mouvements. […] Aussi dans la suite, l'Auteur ajoute que ni la Noblesse, ni l'âge, ni la Magistrature n'empêcha personne de pratiquer à son exemple l'art d'Histrion, avec des gesticulations efféminées, indignes des hommes ; et tous les Auteurs qui ont blâmé Néron d'avoir monté sur le Théâtre, ne lui reprochent point d'avoir récité des Tragédies et des Comédies, mais d'avoir joué des Instruments et bouffonné sur la Scène, ce que Tacite « Ludicro Juvenalium Theatro sub Nerone mox Mimos actitavit. » Tacit. l. 5. […] Probus, après avoir dit qu'en Grèce il n'y a point d'infamie de faire un Spectacle de sa personne au peuple sur la Scène, et que parmi les Romains cet exercice est infâme ; nous voyons qu'il ne parle que de ceux qui font un Spectacle de leurs corps, c'est-à-dire, des Mimes, Danseurs, et Bouffons, et non pas de ceux qui récitaient honnêtement les Comédies et les Tragédies.