Les Anciens avaient soin de mettre le lieu de la Scène dans un Carrefour, ou à l’entrée du Vestibule d’un Palais, afin que les Spectateurs fussent censés pouvoir être témoins de ce qui se passait au Théâtre. […] Mais il est tant de moyens de disposer le lieu de la Scène de façon qu’il soit à la portée de ma vue, & que les Acteurs puissent naturellement se faire entendre ; que, si l’on m’en croyait, l’on ne serait plus pardonnable d’y manquer. […] Il n’y a qu’une seule Scène dans la Tragédie d’Ajax où l’on ne suppose plus de Spectateurs ; mais le Poète est quelquefois forcé de ne les rendre témoins qu’en esprit de son action dramatique. Il faut donc autant qu’il est possible, que les Spectateurs puissent réellement voir ce qu’on leur représente : l’illusion est en effet plus grande quand le lieu de la Scène est fixé dans un Carrefour, dans la campagne, à l’entrée d’un Palais, enfin par-tout où il est naturel qu’une foule de Peuple peut se trouver.