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48. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre IV. De l’illusion Théâtrale. » pp. 64-79

Cette illusion est d’autant moins facile à produire, sur les Théâtres modernes, qu’ils sont peu propres à en imposer, & que l’on ne s’y rend guère que comme à un jeu auquel on sait qu’on ne prendra nulle part. […] Le Théâtre est un lieu de prestige, où le jeu du meilleur Acteur, dénué des accessoires, ne pourroit jamais forcer le spectateur, qui sait qu’il va voir une fiction, à croire que c’est une action véritable. […] Ceux des spectateurs qui n’ont pas les mêmes droits, mais qui ne savent pas moins ce qui se passe dans les foyers, sont dans la même disposition que les premiers ; ainsi les uns & les autres sont prévenus contre le piége qu’on tend à leur raison. […] Nous savons que les représentations Théâtrales nous trompent ; nous nous plaisons à en être trompés. […] Si elles parroissent en corset, elles savent le rehausser par des rivieres de diamans. « Si nous ne devons pas espérer, dit encore l’Auteur que nous venons de citer, que les Comédiennes préférent à l’ajustement, sous lequel elles croiront dompter plus aisément les cœurs, celui sous lequel elles réussiroient d’avantage à tromper les yeux ; nous n’en aurons pas moins toujours le droit de nous plaindre de cet abus.

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