Octave, à qui la flatterie avait décerné le nom d’Auguste, malgré tant d’odieuses proscriptions : Octave-Auguste, échappé à dix conspirations tramées et conduites par les plus illustres Romains contre le second de leurs usurpateurs, et couvert du sang de tant de citoyens, découvre un conjuré, plus coupable qu’eux tous, dans l’ingrat Cinna, dans ce même Cinna auquel il a sauvé la vie, accordé les plus grands honneurs, sa confiance et la main d’Emilie ; auquel il vient de dire : « Cinna, par vos conseils, je retiendrai l’Empire ; Mais je le retiendrai pour vous en faire part… » Auguste, instruit de tout, mande Cinna, le convainc de la plus noire des trahisons, et ne l’en punit que par ces deux mots accablants…. […] Vous savez mieux que moi, que non seulement de ce petit nombre d’hommes dépendent les calamités ou le bonheur du monde entier ; qu’au seul accent de leurs voix, la guerre obéissante, le flambeau de la discorde à la main, va parcourir la terre, joncher les campagnes de morts, couvrir la mer de voiles menaçantes, et teindre de sang les flots effrayés : qu’au son plus doux de ces mêmes voix, l’abondance, une couronne d’or sur la tête, va répandre ses richesses dans les climats les plus stériles, couvrir d’épis jaunissants des champs incultes et arides, changer de vastes déserts en de superbes cités, creuser des lacs, ouvrir des canaux, joindre les deux mers, combler les précipices, aplanir les montagnes, élever les eaux, animer le marbre, fondre les métaux, et faire naître enfin tous les arts. […] La bassesse du sang ne va point jusqu’à l’âme : Et je renonce aux noms de Comte et de Marquis Avec bien plus d’honneur qu’aux sentiments de fils. » Qu’on lise enfin ceux-ci tirés de la dernière scène du cinquième acte : Carlos à D.