/ 409
309. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

« Pourquoi, dit-il, les Comédiens seront-ils plutôt infâmes, que les jeunes gens dans les Collèges, que les personnes les plus sages, et quelquefois les plus qualifiées, les Princes mêmes et les Rois, les Prêtres et les Religieux, qui tous pour se divertir et sans scandale représentent des personnages dans les Comédies ? » Nous répondrons à notre Docteur : mais qu’il nous dise, s’il lui plaît, auparavant, où il a vu des Rois et des Princes, des Prêtres et des Religieux, et enfin des personnes les plus sages jouer la Comédie. […] Il n’en demeure pourtant pas là ; il veut être autorisé dans la défense de la Comédie par l’Archevêque de la Capitale du Royaume : « L’illustre et sage Prélat, dit-il, qui gouverne avec tant de succès ce grand Diocèse, et qui ne laisse rien échapper à ses soins et à son zèle, n’emploierait-il pas toute son autorité pour ôter cette pierre de scandale du milieu de son Troupeau, s’il était vrai que la Comédie fut scandaleuse ?  […] L’illustre et sage Prélat dont il parle, et qui n’attend pas après ses éloges, est celui-là même qu’on peut mettre à la tête des Prélats qui foudroient la Comédie avec plus de force et avec plus de zèle. […] « Les affiches des coins des rues, dit-il, invitent à la Comédie et à des Spectacles qui se jouent avec Privilège du Roi ; les Magistrats ne les empêchent pas, et Sa Majesté quelquefois n’a pas dédaigné d’y assister en personne. » Si notre Docteur avait été bien sage, il n’aurait point employé le nom, et moins encore l’exemple de Sa Majesté dans une matière Théâtrale, et dans une cause aussi odieuse qu’est celle-ci.

/ 409