Dès que le théatre parut, il fut accusé par le plus sage des Grecs d’en être une dangereuse école. […] Le sage Solon en pensa autrement ; il voulut voir cette nouveauté, & la jugea tout-à-fait contraire aux bonnes mœurs. […] Les Lacédémoniens, plus sages, ne voulurent jamais souffrir le théatre dans leur ville, non plus que la République de Genève, & dûrent à cette utile police la conservation de la franchise, de la fermeté, de la pureté des mœurs qui les faisoient admirer, tandis que les Athéniens, comme Solon l’avoit prévû, devinrent si menteurs, que leur duplicité passa en proverbe. […] Une personne sage peut-elle se fier à leurs protestations, & compter sur leurs sermens ? […] Ces hommes frivoles les trompent, les abandonnent, les méprisent, les décrient ; ou si elles s’établissent, un faux goût donnera la préférence au flatteur sur le vrai, au petit maître sur l’homme sage, au libertin sur le vertueux.