Tout est indifférent aux artistes qui ont peu de religion ; poëtes, acteurs, musiciens, peintres, sculpteurs, graveurs, ne distinguent ni sacré, ni profâne, ni vice, ni vertu, ni nudité, ni décence. […] L’Abbé de Monville, qui sentoit l’indécence de ses tableaux profânes, & le danger du salut qu’ils sont couvrir, tâche de se rassurer sur le salut de Mignard, en disant que plusieurs années avant sa mort il y avoit absolument renoncé, & ne s’occupoit plus que des sujets sacrés, & qu’enfin il reçut les derniers Sacremens dans des grands sentimens de piété. […] Santeuil est supérieur à lui-même dans les poësies sacrées, & c’est sur-tout par les peintures du Val-de-Grace que Mignard s’est assurée l’immortalité. […] Pour donner aux dieux, aux héros, aux princes les habits qui leur sont propres, il faut que le Tailleur costumier possede à fond la Mythologie, l’Histoire sacrée & profâne, ancienne & moderne, les mœurs, les usages, les modes de tous les peuples & de tous les siecles, les couleurs de chaque nation d’un pole à l’autre, sur-tout l’Histoire de France, les coutumes, les modes, les toilettes, depuis Pharamond jusqu’à Louis XVI : ce qui n’est pas une petite étude.