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13. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Septième Lettre. De la même. » pp. 73-99

Le gouvernement sage des Nations modernes n’a jamais souffert sur nos Théâtres des Drames licencieux comme ceux d’Aristophane & de ses Prédécesseurs ; ni de Danses comme ces Pyrrhiques obscènes, si courues des Romains. […] On n’ignore pas d’ailleurs, que durant longtems les Spectacles se sont alliés chez les Romains, avec l’austérité de la vertu. […] A la vérité, lorsqu’Auguste voulut amollir les Romains par le plaisir, il abusa des Spectacles, des Arts, des Sciences en tout genre qu’il protégea ; il parut encourager un Pylade, un Bathylle, dont les Mimes licencieuses achevèrent d’anéantir la pudeur, la décence, & même la pudicité Romaine : mais en sera-t-il moins vrai, que la Tragédie Grecque était plus propre à échauffer le patriotisme, qu’à corrompre les mœurs ? […] Ce fut peut-être, depuis Sylla, la politique des Grands qui priva seule les Romains de Tragédies patriotiques, comme celles des Grecs, dont quelques-unes sont les plus beaux monumens, qui nous restent de l’antiquité. […] Je penserais même que les Romains, dont on aurait pu le dire avec autant d’aparence de raison, n’ont pas péri par la fureur des Spectacles, quoiqu’Auguste s’en soit servi pour assoupir leur liberté : c’est par l’extrême pauvreté des uns, & l’opulence excessive des autres que les Romains devinrent esclaves, & c’est aussi par-là probablement qu’Athènes a péri : le riche achète toujours le pauvre, & celui-ci aime mieux se vendre que de mourir de faim.

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