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108. (1600) Traité des Jeux comiques et tragiques « [Traité] » pp. 3-62

Pierre parlant des idolâtries, les appelle illicites (ajoutant cet épithète pour amplifier, non pour distinguer :) ce docteur-là conclut, que puisque il y en a, que l’Apôtre appelle illicites, il y en a donc aussi de licites, et que partant toute idolâtrie n’est pas condamnée, et qu’il y en a une licite, à savoir celle qui est en l’Eglise Romaine : Et c’est la seule réponse, que ses défenseurs peuvent faire à tant de milliers de témoignages que nous alléguons, tant de l’Ecriture, que des Pères Anciens, contre les Idoles, et les Idolâtres ; à savoir qu’ils se doivent tous entendre des idoles des Païens ; Si donc on veut dire, que les passages des anciens, contre les Comédies et Tragédies, ne se doivent entendre, que de celles, qui se jouaient entre les Païens, qui nous empêchera de faire même distinction, entre la paillardise Païenne, et la Chrétienne ? […] Que sicx c’est à propos et justement, que nous alléguons les passages des Pères contre les Idoles de l’Eglise Romaine ; certes nous avons la même raison, voire plus apparente, de produire leurs témoignages, contre les Jeux Comiques et Tragiques de ce temps ; auquel on joue les mêmes Comédies et Tragédies, que jouaient les Païens, à savoir, celles de Plaute, Térence, Euripide, Sophocle, Eschyle, Sénèque, etc., et n’y change-t-on un seul mot ; au lieu que les Papistes, changent au moins les noms de leurs idoles, et ne gardent pas, au moins n’adorent pas celles, qui restent du Paganisme, les statues d’un Jupiter, Vénus, Diane, etc. […] En sa Cité de Dieu il allègue CicéronLib. 2. cap. 13 ex , qui fait dire à Scipion, Que les Romains estimant cet art du tout infâme non seulement déniaient droit de bourgeoisie aux Comédiens, mais ne les souffraient non plus entre les gens de guerre, tant ils les jugeaient dépravés et pernicieux. Sur quoi il se moque plaisamment des Romains, qui tenaient pour service de leurs Dieux, les Comédiens, et détestaient tant les Comédiens, au lieu de les honorer comme Prêtres, et principaux serviteurs des Dieux : Mais je crois qu’il eût pleuré amèrement, aussi bien que son Commentateur VivesLib. 8. cap. 27 ey (lequel quoique de l’Eglise Romaine, déteste l’impiété des Prêtres, qui aujourd’hui permettent de jouer l’histoire de la passion de notre Seigneur) s’il eût prévu, que la même corruption dût entrer en l’Eglise, en la Cité de Dieu, où il s’en voit plus, qu’il n’y en eut jamais entre les Païens. […] Mais toute comédie romaine inclut des séquences dansées.

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