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90. (1789) La liberté du théâtre pp. 1-45

Mais quand un Roi de vingt-deux ans, a pu commettre le plus grand crime dont l’histoire du monde fasse mention, celui d’un Roi qui conspire contre son Peuple, l’indécence est sans contredit, à penser un seul moment, qu’une Nation, victime de sa rage, lui doit encore des égards, & qu’un Citoyen de cette Nation ne peut la venger après deux siècles écoulés, en livrant sur le Théâtre, la mémoire de ce monstre, à l’exécration publique. […] Le Massacre de la Saint-Barthélemi n’est point le crime de la Nation ; c’est le crime d’un de vos Rois, & il ne faut point confondre vos Rois avec la Patrie, malgré les maximes d’esclave qu’on vous débite à vos Théâtres, dans vos prétendues Pièces nationales. […] Voyez dans ses pièces nationales, les Rois, les Princes, les Pairs du Royaume, les Prêtres, les Prélats de l’Eglise Romaine & ceux de l’Eglise Anglicane, introduite sur la scène, & pesés, pour ainsi dire, avec un esprit de liberté que le Philosophe David Hume est loin d’avoir égalé dans son histoire. […] Ils vous ont fait presque autant de bien, que vos Rois, vos Ministres & votre Clergé vous ont fait de mal. […] Comment la représentation d’un Roi tyrannique, où d’un Magistrat injuste, peut détruire la puissance des Loix.

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