« Pourquoi, dit-il, les Comédiens seront-ils plutôt infâmes, que les jeunes gens dans les Collèges, que les personnes les plus sages, et quelquefois les plus qualifiées, les Princes mêmes et les Rois, les Prêtres et les Religieux, qui tous pour se divertir et sans scandale représentent des personnages dans les Comédies ? » Nous répondrons à notre Docteur : mais qu’il nous dise, s’il lui plaît, auparavant, où il a vu des Rois et des Princes, des Prêtres et des Religieux, et enfin des personnes les plus sages jouer la Comédie. […] Car quant à l’exemple de Floridor, à qui la Noblesse, dit-on, a été conservée, il ne prouve autre chose, sinon que le Roi est le Maître, et qu’il fait grâce à qui il lui plaît : nous n’empêcherons pas que le Docteur et ses Confrères ne s’adressent de même à Sa Majesté pour se faire réhabiliter, s’ils se sont autrefois piqué de Noblesse ; mais en attendant, il ne faut pas qu’ils se tiennent pour bien lavés de la tache d’infamie qu’ils ont tous sur le corps. […] « J’ai fait encore quelquefois, dit-il, une réflexion qui me paraît assez judicieuse, en jetant les yeux sur les affiches qu’on lit aux coins des rues, où l’on invite toutes sortes de personnes de venir à la Comédie et aux autres Spectacles qui se jouent avec Privilège du Roi. » Un argument en matière de Théologie, tiré des affiches des coins des rues, est sans doute une chose bien rare. […] Mais comme les insectes aiment à se mettre au Soleil aussi bien que les Aigles, il n’y a point de Charlatan, point d’Opérateur, point de Saltimbanque, et enfin point de cette sorte d’engeance, qui ne tâche de se parer du nom du Roi.