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306. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

Plus les auteurs de ces fables ont de talents, plus ils sont dangereux ; ils s’insinuent par leurs grâces, se gravent plus profondément, et se font mieux retenir par l’harmonie et la beauté des vers : « Facilius intrant in memoriam versus numerosi et ornati. » Des tragédies ne représentent que les fureurs et les amours des mauvais Rois ; ce ne sont que des forfaits montés sur le cothurne : « Regum malorum cothurnata scelera. » Les gestes et les mouvements licencieux des Acteurs, la mollesse de leurs corps efféminés, leurs déguisements en femmes, à quoi servent-ils ? […] Les spectacles sont des voluptés qui souillent l’âme par tout ce qui s’y fait : « Voluptates quæ inquinant per ea quæ his geruntur. » Les tragiques ne s’occupent que des forfaits des Rois, les comiques des amours et des intrigues des coquettes ; le théâtre n’est qu’un lieu de débauche, « theatrum prostibulum ». […] « Blandimur nobis de probitate morum. » L’opulence a perdu Rome, en introduisant le luxe, les spectacles, l’impureté ; elle perd les Cours des Rois et les capitales des empires, et par elle les provinces : connaît-elle quelque mesure ?

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