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323. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

Tout le mal vient de la Comédie, laquelle étant d’une humeur bouffonne pour peu qu’on lui lâche la main, elle s’épanche en des libertés dangereuses ; elle rend le vice si ingénieux, elle le pare de si beaux habits, qu’au lieu de le faire fuir, elle le fait aimer : Ce désordre ne lui est point naturel, il ne lui vient que du dehors, mais elle semble en donner l’occasion, car ne se servant que de personnes basses et contemptibles, qui n’ont point de cœur pour l’honneur, elle ne leur peut donner des actions bien relevées, elle les laisse agir, comme de petites gens, qui n’ont que des mots de raillerie, et qui se persuadent que plus elles font rire, plus elles font bien. […] Bien qu’il n’eût pas toujours du bon en son Jeu, il n’en changeait point, ni d’humeur, ni de visage ; s’il avait fait un mauvais coup, il était le premier à rire, s’il avait bien rencontré, il n’en insultait point ; au contraire il se tenait dans le silence. […] C’était une espèce de débauche ou de dissolution, soit à boire, soit à manger, soit à rire : Ainsi Momon ne voudrait dire autre chose, que faire l’ivrogne ou faire le fol ; ce qui est plus aisé à croire, quand on considère que toutes ces feintes et ces déguisements ne vont qu’au libertinage.

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