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95. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

L’idolatrie de la Tragédie met le sceau aux plus pernicieuses leçons du vice ; la Comédie ne lui prête pas moins des armes, non pas la dignité, mais par le nombre, le commerce, la familiarité des coupables : elle montre le libertinage commun dans le monde, & si accrédité, que les vertus chrétiennes sont des singularités ridicules. […] Ce voyage lui-même en est une preuve ; il porte partout des marques ridicules de sa vanité. […] On croit qu’il à formé le mot Egoïsme pour tourner ce défaut en ridicule ; & il est vrai que ce mot aujourd’hui reçu ne se trouve point dans les Auteurs qui ont écrit avant lui. […] Ciceron avoit ce défaut : il parloit toujours de lui-même ; on s’en moquoit à Rome, aussi-bien que d’Hostemus son rival, qui, par un égoïsme d’action aussi ridicule, étoit sans cesse tout occupé de sa parure, pour faire remarquer ses graces. […] C’est le privilege de la vertu de déplaire au vice & au ridicule, d’autant plus furement que le choix de ces hommes n’est qu’un artifice de l’irreligion & du libertinage, qui se couvre du voilé des talens qu’on leur attribue.

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