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89. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « P.A. LAVAL A M.J.J. ROUSSEAU, CITOYEN DE GENÈVE. » pp. 3-189

« Il n’a point prétendu, à votre jugement, former un honnête homme, mais un homme du monde… ainsi voulant exposer à la risée publique tous les défauts opposés aux qualités de l’homme aimable, de l’homme de societé, après avoir joué tant d’autres ridicules, il lui restoit à jouer celui que le monde pardonne le moins, le ridicule de la vertu : c’est ce qu’il a fait dans le Misantrope. » La vertu n’a jamais de ridicule, elle ne peut pas même en avoir, mais on peut joindre beaucoup de ridicule à la maniere dont on s’est projetté d’être vertueux. […] Vous n’approuvez pas qu’il soit question au Théatre de crimes, souffrez donc qu’on y censure le ridicule. […] La vénération qu’on doit à la vertu doit-elle aveugler au point en sa faveur qu’on n’ose pas lui reprocher les ridicules qu’on lui associe ? […] Aussi Moliere se seroit bien gardé de le tourner en ridicule, s’il n’eut refusé le commerce que des méchans ou des flateurs. […] Moliere pensoit trop bien pour ne pas faire rendre hommage à la vertu de la même personne dont il badinoit les ridicules.

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