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103. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Septième Lettre. De la même. » pp. 73-99

Le premier n’est-là que pour le contraste, pour faire saillir le caractère du bouillant d’Ormilli ; caractère bien dans la nature, dont la Comédie fait un joli Tableau, mais que l’Auteur n’a pas eu l’art de présenter de manière à nous corriger : au contraire, l’on peut dire que le jeu de l’Acteur n’est propre qu’à rendre charmant un original vicieux, à porter nos Petits-maîtres, à se donner de plus-en-plus son ridicule brillanté ; ils en seront plus insupportables aux yeux des femmes sensées, plus courus des folles ; ils ne prétendent que cela. Une Comédie qui ne corrige pas le vice, & n’attaque que le ridicule, est une mauvaise Comédie. Une Pièce qui connive au mauvais goût de son siècle, ne fronde que le vice & les ridicules qui déplaisent, caresse celui qu’on aime, est une Pièce dangereuse. En effet, on persiffle Mondor, qui le mérite, & dont le personnage est odieux pour plus d’une raison ; & l’on ne condamne dans d’Ormilli que sa jalousie : sa ridicule vivacité, ce vice de caractère qui rend les hommes d’un commerce difficile, souvent insupportable, loin de lui nuire, lui donne un air plus piquant. […] Il opère une révolution funeste dans les mœurs : nos jeunes-hommes, parvenus à craindre ce ridicule, plus que nos femmes ne redoutent le crime de l’infidélité, les dernières suivent leur penchant que la Comédie n’a point attaqué, flétri ; & les seconds souffrent le desordre, de peur d’être honnis.

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