/ 419
62. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « I. Point. » pp. 178-200

Ces spectacles, dit saint Augustin, ne sont que des images de la vérité, ou plutôt d’une chose imaginée à plaisir, comme la représentation d’une idole est la figure d’une divinité feinte, « eorum imagines lambunt cogitatione famelica »Lib. 1. […] Le bien y est appelé mal, le mal bien, les ténèbres lumières, on y fait passer le doux pour amer, et l’amer pour doux, on élève jusqu’aux Cieux des actions pour lesquelles Dieu précipite irrémissiblement dans les enfers ; plus elles sont colorées d’une image de grandeur et de générosité, plus leur représentation est dangereuse. […] C’est pourtant là que conduit la représentation des vains spectacles. […] A l’image animée de ces passions, il ne manque guère de s’en élever de pareilles du fond de corruption qui est en nous, tel est l’empire d’une représentation vive sur le cœur humain, lorsqu’elle est accompagnée de discours passionnés, tout y concourt, la déclamation, le port, la geste, les ajustements, la symphonie, n’est-ce pas là jeter de l’huile sur du feu, et aplanir le chemin à un torrent ? […] Sainte Thérèse nous apprend dans l’histoire qu’elle a écrite elle-même de sa vie, que la lecture des comédies et des livres de chevalerie (que eût-ce été de la représentation effective) refroidit tellement en elle la piété et les bons sentiments dont le Seigneur l’avait prévenue, que sans une grâce spéciale elle se fût engagée dans la voie de perdition où marche le plus grand nombre des hommes.

/ 419