Après les aveux que j’ai faits dans le premier §, on connaît assez quelles sont mes vues, lorsque je soutiens, dans celui ci, l’utilité des Spectacles : le coup-d’œil que je dois y jeter, vers la fin, sur huit questions importantes, achevera de montrer, que je ne suis rien moins qu’indulgente pour les abus dans la Représentation, & les indécences dans le Drame. […] Il en résulte de grands avantages ; outre l’aménité de mœurs qu’ils procurent, c’est par le Théâtre qu’une aimable Philosophie pénètre dans tous les Ordres de l’Etat ; (ceci prouve combien on doit épurer la source des amusemens publics) : l’enchantement des Représentations, & de leur brillant Spectacle, distrait les hommes d’objets desagréables ; au sein des Ris & des Jeux, ils se trouvent forcés d’oublier jusqu’à leurs calamités : par-là l’on fait aimer au Citoyen un pays où il trouve des plaisirs inconnus ailleurs. […] Il doit, s’il est honnête-homme, racheter autant qu’il est en lui, par le châtié de sa Pièce, l’inconvénient trop réel de la séduction qu’opère la Représentation. […] Je sais que ces deux petites Comédies ne peignent qu’une innocente tendresse dans l’amant ; mais l’amante fort des bornes, & des Représentations de ce genre, doivent être interdites aux jeunes filles dont on veut que le cœur ne reçoive des loix que d’une raison sage & soumise. […] … Si donc, l’Actrice fait souvent éprouver au Spectateur demi-vertueux, des mouvemens dérèglés dans les Drames les plus sérieux tels que la Tragédie, les Comédies les plus instructives, comme le Tartufe, le Dissipateur, &c. que veut on qu’il ressente durant la Représentation des Pièces que je viens de citer ?