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112. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre III. Du Cardinal de Richelieu. » pp. 35-59

Il a fait des dépenses énormes pour la construction et la décoration du théâtre et la représentation des pièces ; il y a invité le Roi et toute la Cour, il y a assisté avec elle, les Evêques y étaient invités aussi, et par son ordre y avaient, comme de raison, un banc distingué, où un grand nombre se montrait et admirait pour faire la cour au Ministre. […] Son Eminence « témoigna des tendresses de père pour Mirame, dit Pélisson, la seule représentation lui coûta trois cents mille écus de l’argent du Roi, qui n’était pas assez riche pour les payer). […] La représentation de Mirame, qui en fut l’ouverture, coûta trois cents mille écus, c’était la pièce favorite, la pièce Cardinale ; il y avait beaucoup travaillé, ce fut son début à la comédie. […] Cette diversion cachait même en partie ses projets, il agissait d’autant plus sûrement qu’on se défiait moins ; on le croyait occupé d’une représentation pour laquelle on le voyait si empressé, et on était moins en garde. […] Jusqu’alors on n’avait connu que les Confrères de la Passion, et des Farceurs qui couraient le monde et qui partout étaient méprisés ; les compositions, les constructions, les représentations, le désir du premier Ministre, ont répandu cette maladie contagieuse dans les villes, les bourgs, les campagnes, les maisons particulières, le Clergé, la magistrature, l’épée, les Collèges, les Communautés religieuses.

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