Il me semble qu’eux-mêmes s’en expliquent assez, et qu’ils font consister tout leur art et toute leur industrie à toucher l’âme, à l’attendrir, à imprimer dans le cœur de leurs lecteurs toutes les passions qu’ils peignent dans les personnes qu’ils représentent : c’est-à-dire à rendre semblables à leurs héros, ceux qui doivent regarder Jésus-Christ comme leur modèle, et se rendre semblables à lui. […] Plus ceux qui les composent sont habiles, plus on a droit de les traiter d’empoisonneurs : et plus vous vous efforcez de les louer, plus vous les rendez dignes de ce reproche. […] On l’a même reconnue au Concile de Trente ; et, dans l’Index des livres défendus, on a excepté expressément ceux que le besoin qu’on a d’apprendre le latin, a rendus nécessaires. […] Vous vous êtes souvenu qu’on avait dit quelque part, que « le soin qu’on prend de couvrir des passions d’un voile d’honnêteté ne sert qu’à les rendre plus dangereuses »j ; et sans savoir trop bien ce que cela signifie, vous avez cru que vous vous sauveriez par là, comme si, en retranchant les libertés des comédies de Térence, on avait rendu les passions qui y sont représentées plus dangereuses en les couvrant d’un voile d’honnêteté. […] Ce serait un plaisant scrupule que de n’oser les ôter de peur de rendre le livre plus dangereux ; et je ne connais que vous qui les y voulussiez remettre par principe de conscience.