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63. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VI. De l’Iconomanie théatrale. » pp. 141-158

Bien loin de rendre le lecteur plus habile, il dégoûte de toute étude sérieuse, rend l’homme frivole, remplit son esprit de futilité ? […] Il est aisé de les rendre ridicules par les attributs qu’on leur donne, l’état où on les peint ; un guerrier avec une quenouille, un Magistrat, un Ecclésiastique, avec l’attirail de la toilette. […] La peinture ne rend, & ne doit rendre que l’objet tel qu’il est lui-même, tel qu’il se présente aux regards, tel qu’il se présente à l’artiste qui l’imite, il doit vivre dans son image : la parfaite imitation est la perfection de l’art. […] Les Théologiens de toutes les écoles conviennent unanimement que c’est un péché de regarder avec complaisance des peintures, des statues obscénes ; à plus forte raison de les garder pour les avoir toujours à portée de les étaler aux yeux du public, de les répandre dans les livres ; c’est un vrai scandale qui rend l’auteur comptable devant Dieu de tous les péchés que ces figures indécentes font commettre à l’infini. […] Malheur à ceux à qui le libertinage les a rendues aisées, familieres, pour en être peu touché.

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