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231. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

Les premiers Acteurs furent nos Prêtres ; nos premiers Théâtres, les Temples sacrés ; c’est au culte de la Divinité que les hommes doivent tous les divertissemens où il y a Représentation : la plupart des pratiques qui parurent, dans la succession des temps, si contraires à l’esprit de la Religion, eurent leur principe dans les Cérémonies religieuses elles-mêmes. […] La Tragédie religieuse, la Comédie des Jeunes-gens qui l’avaient imitée, existèrent auparavant, ou en même-temps que la Satyre*. […] Ces Peuples avaient des Fêtes spectaculeuses : les Prêtres les célébraient, quant à la partie religieuse ; des Musiciens, des Danseurs, quant à la partie profane. […] Mais qu’on leur donne la Passion, le Purgatoire ; qu’on leur présente ces objets forts & terribles, où la Réligion attache le bonheur ou le malheur éternel des hommes ; voila ce que ces âmes d’une trempe grossière, mais plus mâle que celle des habitans des Villes, mélancoliques, neuves ; voila, dis-je, ce que l’homme non-poli trouverait digne de l’homme : vous verriez alors, s’il est capable de sentir ; ses sanglots, sa religieuse frayeur porteraient le trouble dans l’âme du Philosophe le plus aguerri.

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