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84. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VIII. Du Clergé comédien. » pp. 176-212

Le jeune Abbé passa plusieurs années auprès d’un oncle, homme de mérite, Chanoine régulier, Prieur & Grand Vicaire dans le Diocese d’Usez ; il eut la bonne foi de refuser un Bénéfice considérable ; les principes de vertus qu’il venoit de recevoir n’étoient pas encore effacés ; il sentit combien son goût pour le théatre étoit opposé a la sainteté de cet état, & à la jouissance des revenus ecclésiastiques. […] C’est son portrait fait par lui-même, où l’on voit qu’il a passé sa jeunesse dans des désordres de toute espece ; qu’il se menage dans sa vieillesse, parce que ses organes blasés se refusent à ses transports ; qu’en vieux pécheur toujours Epicurien, n’aimant que la volupté, porte dans le tombeau, comme dit le Prophete, tous les vices de son jeune âge qui ont infecté toute sa vie. […] Eh bien , lui répondit Voltaire, les Comédiens l’ont refusé. […] Les Abbés Comédiens sont galans & caustiques ; ils sont gens à deux faces ; on ne seroit pas surpris de voir jouer ce double personnage à Dorat, qui en effet dans le même-temps, joue les deux rôles, mais qui le pardonnera à un Grand Vicaire que deux Prélats donnent pour une espece de saint, qui, par vertu, a refusé des Evêchés.

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