L’Orateur en ce cas est un juge qui ne connaît rien au-dessus de lui que les lois, qui peut parler aussi fortement qu’il le juge à propos pour le bien public, parce qu’il a le droit de le faire, et qu’on n’en a aucun de lui refuser tous les éclaircissements qu’il demande, voilà pourquoi l’éloquence est plus forte et plus vive dans une République ; ici l’Orateur parle en maître, dans une Monarchie c’est un sujet qui doute, qui remontre, qui supplie, ici c’est un client qui parle à son Juge, là c’est un Rapporteur qui l’instruit. […] La complaisance d’un Auteur à peindre dans ses personnages les mœurs et les caractères de ses compatriotes, c’est-à-dire de donner à ses Héros des Vertus que l’histoire leur refuse, et qui sont communes dans sa Patrie, me paraît louable en ce que c’est un moyen d’entretenir ces bonnes qualités dans la Nation, de les faire aimer davantage et de captiver l’attention du spectateur en l’intéressant pour des Vertus et des bonnes qualités qu’il a lui-même ; c’est sans doute le motif qui a porté Racine à donner à ses Héros la politesse et la galanterie Françaises, et ce ne sont que des gens de mauvaise humeur qui peuvent trouver que ces Héros y aient perdu. […] Le troisième reproche de votre observation n’est pas plus difficile à pulvériser que les deux autres, et je ne vois pas pourquoi l’on n’oserait pas mettre sur la scène un homme sans préjugé, qui refuserait d’exposer sa vie pour se venger d’une insulte. […] On doit se moquer également des lâches et des Spadassins : les uns et les autres peuvent être joués avec succès sur la scène, et l’on y peut faire admirer un vaillant homme qui refuse d’exposer pour sa cause personnelle une vie nécessaire à l’Etat : on l’applaudira au contraire de son mépris pour le préjugé. […] Mario - Nous serions plus Sauvages que lui, si nous refusions de nous y rendre ; […] » ay.