Mais parce que je vous ai fait voir ailleurs qu’on devait expliquer et entendre les saints Pères dans ce sens, que les Gentils représentaient d’une manière peu honnête des crimes qui avaient été commis autrefois, ou dans un autre temps, « quod aliquando commissum est » ; je puis dire qu’on voit encore dans un sens la même chose sur notre Théâtre, puisqu’on n’y fait pas de moins vives peintures de l’inceste, de l’adultère, du parjure, et de tous les autres crimes qui à la vérité y sont un peu mieux marqués et déguisés, de manière pourtant qu’on ne laisse pas de les reconnaître ; et si on les fait passer pour des vertus, ce n’est que pour rendre plus agréables les passions et les mouvements déréglés du cœur qu’on les revêt du nom de vertus. […] D’ailleurs quoiqu’on n’y nomme pas les personnes que l’on peut avoir en vue quand on déclame contre quelque vice, ne sait-on pas qu’on y fait bien souvent des portraits si naturels, qu’il n’est pas difficile d’y reconnaître les originaux. […] A ce caractère je reconnais vos Farceurs, qui paraissent sur le Théâtre après la Pièce sérieuse, où l’on voit souvent les hommes changer d’habit, et prendre celui des femmes pour les mieux contrefaire, et prendre des libertés qui ne conviendraient pas à une femme quelque immodeste qu’elle fût. « Impudicas foeminas in honestis gestibus mentiuntur. […] II n’y a point là de distinction à donner : car quelque épuré que vous prétendiez que votre Théâtre soit, le Rituel ne reconnaît pas d’autres Comédiens, que ceux qui montent actuellement, que ceux que vous voulez justifier ; et ce sont ceux-là même à qui il défend d’administrer les sacrements. […] Au reste il semble que vous ayez reconnu une partie de la vérité, lorsque vous dites page 54, que les Chrétiens doivent moins fréquenter les Spectacles pendant le Carême, parce que leur état les oblige à se mortifier en ce temps.