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90. (1694) Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie « Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie. » pp. 1-45

Et irait-on jamais les entendre, si l’on n’y recevait pas les émotions agréables que des passions toujours injustes, mais naïvement représentées, produisent en nous ? […] C’est la loi de l’union de l’âme avec le corps, que les impressions reçues dans les organes soient accompagnées de divers sentiments, et par conséquent de dispositions bonnes ou mauvaises selon la nature de ces impressions. […] La raison n’a point été tellement éteinte en eux qu’ils n’aient bien connu les défauts les uns des autres : mais comme les sentiments, qui sont les suites des impressions qu’on a reçues des objets sensibles ont toujours prévalu dans le courant du Monde, personne durant plus de quatre mille ans n’a pu se connaître soi-même. […] Qu’on compare notre Théâtre avec celui des Anciens, nos Acteurs avec ceux de Plaute et de Térence ; et qu’on me dise si pour avoir reçu la lumière de l’Evangile nous en sommes devenus plus sages ? […] S’ils donnent l’aumône, tant mieux pour les pauvres qui la reçoivent : mais l’Eglise la leur conte pour rien, parce qu’elle sait que demeurant Comédiens, ils ne peuvent être touchés des biens qu’elle propose à ses enfants.

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